Quai n°5

Musique
Durée : 1h30

Un entretien avec Stéphane Logerot

Votre groupe associe des musiciens issus de la tradition classique à des orchestrations connotés du côté des musiques du monde. Comment s’est-il constitué ?

Quai n° 5 date d’une quinzaine d’années. Il réunit des musiciens classiques qui s’emparent d’autres cultures. Il faut dire que mon parcours est atypique : à l’inverse de la plupart des interprètes classiques, j’ai commencé par le hard rock, avant de faire mes études au conservatoire et maintenant d’intégrer l’Orchestre national de France. Je me suis toujours dit que, s’ils avaient vécu aujourd’hui, les « grands » compositeurs se seraient amusés avec les synthétiseurs ou les guitares électriques. Et qu’ils étaient beaucoup plus ouverts sur d’autres cultures que ce que nous le pensons souvent. Quand il se rend aux Etats-Unis, Dvorak intègre leurs traditions. Brahms écoutait les orchestres tziganes, etc.

Mon projet est parti de là : prendre des thèmes classiques et les mâtiner d’autres identités.

Mais il fallait des interprètes de haut niveau, aussi respectueux d’une culture que de l’autre. Nous venons tous du « classique », nous l’aimons, nous le servons au mieux. Tous les morceaux sont écrits et exigent un travail soutenu de la part des interprètes. En revanche, ce que nous voulons, c’est faire redécouvrir les thèmes sous un autre angle. J’adore voir qu’un public connaisseur de l’Adagietto de la Symphonie n° 5 de Gustav Mahler ne l’a pas reconnu au gré de changements rythmiques, de décalages harmoniques.

C’est l’autre aspect de Quai n° 5 : nous adresser à tous les publics, de tous les âges, de toutes les cultures. Celles et ceux qui reconnaissent les allusions, les références s’en amusent. Celles et ceux qui les découvrent se laissent emporter.


Le programme que vous présentez associe de nombreuses cultures. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

La première entrée serait l’idée du voyage. Nous passons du Brésil à l’Argentine, et sillonnons de nombreux folklores. Les auteurs classiques sont évidemment de la partie, mais détournés, masqués par l’arrangement. Ainsi, la Marche nuptiale de Mendelssohn sera présente, mais à la façon d’un trio de jazz. Nous avons aussi souhaité montrer, en creux, combien les musiques « classiques » servaient d’inspiration à de nombreuses traditions qui, de prime abord, leur semblent étrangères !


Vous jouez avec les classiques. En quoi l’humour vous semble-t-il essentiel au concert ?

Très simplement : faire les choses sérieusement n’oblige pas à se prendre au sérieux. Je ne crois pas à l’idée d’un processus de création passant obligatoirement par une phrase « douloureuse ». La musique classique peut souffrir d’une image compassée, austère, coupée du quotidien. Et pourtant, qui se souvient Brahms composait dans les brasseries ? Ou, inversement, que les enfants du rock ont aujourd’hui 80 ans ? L’humour est une porte d’entrée vers une découverte joyeuse de nos répertoires. 

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Crédits photos Fond : Marveloz Pop festival 2018