COULEURS DU MONDE : Nicaragua, Philippines, Uruguay, Biélorussie

Danse

NICARAGUA

Le Nicaragua, situé dans une zone volcanique, est jalonné de volcans actifs ou éteints dont le San Cristobal représente le plus haut sommet du pays, avec une altitude de 1745 mètres. Ses deux longues côtes océaniques proposent de nombreuses scènes de carte postale avec des plages à couper le souffle. La diversité du relief offre des paysages de plantations au sud soumis à de fortes chaleurs et de profondes vallées au nord, jouissant d'un climat presque montagneux.
Drôle de contrée que le Nicaragua, pays coupé en deux par les cordillères centrales, sans liens physiques ou presque, entre ses deux pans. Les peuples se sont installés de part et d’autres des montagnes : mestizos (métisses) dans les deux tiers ouest, noirs, créoles, amérindiens dans les forêts pluvieuses et les lagunes de l’est.
Cette scission, autant culturelle que géographique, remonte aux XVIIème siècle lorsque la zone caraïbe de l’Amérique centrale fut colonisée par les Britanniques. Leur présence passée se lit encore sur les cartes : Bluefields, Monkey Point, Pearl Lagoon, Coconut Point, Sandy Bay... Les flibustiers anglais s’installèrent sur cette côte hostile pour mieux attaquer Granada et ses trésors, tandis que des esclaves noirs des îles antillaises furent déportés pour travailler à l’extraction des bois précieux.
« Tepenahuatl » - Ballet folklorique du Nicaragua - chante et danse cette diversité. C’est un des plus prestigieux ballets du pays. Placé sous la direction de Madame Blanca GUARDADO, fondatrice et chorégraphe, le groupe s’attache depuis 1981 à présenter un spectacle qui reprend les traditions du Pacifique, du centre du pays et de l’Atlantique. Son répertoire est un voyage dans le folklore des Caraïbes et de l’Amérique centrale.
Au rythme de la marimba, un instrument de musique qui est un mélange de balafon africain et d’instruments précolombien, le groupe mélange le théâtre, les danses folkloriques et la musique en une synthèse des cultures nahuatl et espagnole. Les masques se mêlent aux costumes flamboyants. L’ensemble témoigne de la richesse culturelle du pays et du mélange des peuples et des cultures dont il fut l’objet au long de
son histoire. Les danses du Pacifique retracent les rites sacrés du Nicaragua précolombien. Elles sont les premières danses interprétées. Les danses du nord et du sud sont des polkas, des valses, des  mazurkas  importées par les immigrants  français, allemands et anglais. Celles de l’Atlantique sont plus ethniques et d’origine africaine.
Au long de trente-cinq ans de vie artistique, « Tepenahuatl » s’est produit aux Etats-Unis, au Mexique, au Costa Rica, au Brésil, en Argentine, en Autriche, en Russie, à Taiwan, en France et en Belgique. Partout il a porté la force de son spectacle, la diversité de ses danses et la qualité de ses musiciens.
Affirmant son originalité en Amérique centrale par des danses d’une force inouïe, le Nicaragua vit au pied d’une cohorte de volcans et chérit les ruines de cités ravagées par des séismes. En découvrant le spectacle de « Tepenahuatl », vous comprendrez mieux pourquoi cette terre bouleversée est si attachante.

PHILIPPINES


Cet archipel du Pacifique est un pays enchanteur, mais son destin compliqué en a fait un lieu convoité en raison même de sa position géographique, de ses ressources et de la qualité des populations qui y vivent. Les conquérants espagnols ont laissé des souvenirs intacts à des minorités bourgeoises qui ont appris, des missionnaires catholiques, les vertus de la réserve. Les Japonais ont lâché dans ce pays leur soldatesque. Puis les Américains y ont allumé la fièvre du dollar. A travers ces aventures, ce pays ressemble à ses propres volcans en perpétuelle ébullition. Les crises économiques laissent plus de scories dans les populations que de fortunes dans les poches. Bref, il n’est pas simple d’être Philippin.
Le groupe que vous allez rencontrer dépend de l’université de Tarlac. Il a été fondé en 1990 et est composé de professeurs et étudiants qui n’ont rien perdu de leur amour pour leur terre, ni pour les traditions que le ballet a voulu garder fidèlement intactes comme des reliques. Les Philippines ce
sont quatorze régions divisées en soixante douze provinces. Une immense mosaïque d’arts et traditions populaires.
Il s’agit de l’une des plus vieilles terres du monde puisque habitée par l’homme depuis vingt deux siècles avant Jésus Christ. Les vagues de population s’y sont succédées : chinoises, japonaises, et même caucasiennes. L’Islam, le premier, y a imposé ses règles de civilisation. Les conquérants  espagnols y ont apporté leur influence. Le navigateur MAGELLAN y mourut. Mais la langue espagnole et la religion catholique durent céder le pas devant le retour en force de l’Islam au travers de ses marchands et de ses marins. Au plan culturel, cet archipel est spongieux comme la forêt de ses côtes et absorbe avec souplesse ces changements successifs.
Il ne suffit plus de parler espagnol ou chinois pour que l’on vous comprenne. Il faut y ajouter le tagal qui est la langue officielle et quelques soixante-dix dialectes supplémentaires pour pénétrer dans cette culture complexe.
La troupe est le fruit et le résumé de ces mélanges. Elle porte dans ses chants, ses musiques et ses danses, dans la variété extraordinaire des costumes, la beauté mêlée de ses filles comme l’illustration même de cette confluence.
Il n’est pas rare que les danseuses s’abritent derrière des mantilles andalouses. Ailleurs, les hommes dansent sur des airs de jotas. Mais on revient aussi à des cérémonies musulmanes  presque sans rupture, ou encore à des tribus aborigènes perdues dans la jungle. Il n’y a rien de choquant, bien au contraire, dans ces variations de style. Et lorsque les guitares mènent la danse, le choc des bambous qui battent leur répond.
Les costumes sont éblouissants de soie et de couleurs. Les hommes portent la chemise blanche rehaussée de broderies et parfois des vêtements de cour des seigneurs arabes. Le spectacle a la beauté d’une plage de coraux roses au bord du Pacifique. On a dit que les Philippines étaient le charme du Pacifique. Nous sommes sûrs que vous le goûterez comme un moment rare de plaisir pour des amateurs d’exotisme et de beauté.

URUGUAY

« Vous êtes un  grand constructeur de ponts dans l’espace », écrivit RILKE à SUPERVIELLE, le poète français qui a le plus magnifié l’Uruguay, son pays natal. Ponts entre deux cultures, l’Uruguay  est  une terre intermédiaire au sein de l’Amérique latine. Pas encore brésilien mais plus tout à fait argentin, ce pays est un syncrétisme étonnant de races, de peuples et de langues. L’Ensemble folklorique « Canelones - danza independiente  » est composé de plus de vingt-cinq artistes, danseurs, chanteurs et musiciens, qui au fil des ans s’est taillé une belle réputation dans son pays, en intervenant dans les principales manifestations culturelles, en passant souvent à la télévision et en se déplaçant dans les pays voisins du sien comme le Brésil, l’Argentine ou le Paraguay mais  également à plusieurs reprises en Europe. Il danse et chante des mélodies connues de la tradition sud-américaine, et des airs plus caractéristiques de son pays où l’influence espagnole reste très forte. Il interprète aussi des mélodies issues du mélange entre les blancs, les plus nombreux, les noirs et les indiens dont l’apport musical est d’importance. Ainsi son programme réunit-il des origines très diverses.
On notera que les danses populaires sont une véritable spécialité de l’Uruguay sans que l’on sache vraiment pourquoi. Peut-être faut-il y voir une explication dans le fait que le pays fut longtemps désert, qu’il n’est peuplé que depuis le milieu du XIXème siècle. Les émigrants, pour la plupart d’origine espagnole ou française, devaient éprouver un plaisir particulier à se retrouver, à danser et à chanter ensemble. Dès lors, chanter devint l’apanage des « blancos » c’est-à-dire des blancs, et la danse, le carnaval et les percussions celles des « colorados », c’est-à-dire des noirs. Ainsi, chacun meubla sa propre solitude et chacun excella dans sa spécialité. Dans son spectacle magnifique, l’Ensemble folklorique « Canelones - danza independiente » rend compte de ce syncrétisme étonnant.
La culture de l'Uruguay est dominée par les traditions européennes et en particulier par la culture espagnole, puisqu'il s'agit du pays colonisateur, et italienne à cause des nombreuses vagues  d'immigration venues de ce pays. Étonnamment, la culture amérindienne n'y  joue aucun rôle : les anciens peuples étant décimés, leurs cultures ont disparu. L'Uruguay a également été influencé par ses voisins, comme l'Argentine, notamment dans les domaines de la musique et des danses folkloriques. Dans ce pays tranquille et rural, danser et chanter est une comme une seconde nature qui fait intimement partie de l’âme d’un peuple qui se sent un peu écrasé par l’encerclement de ses puissants voisins, l’Argentine et le Brésil. La musique et la danse sont bien le seul terrain sur lequel il fasse jeux égal.

BIÉLORUSSIE

L’association Festivals du sud est heureuse de présenter l’Ensemble folklorique « Radost », compagnie officielle du gouvernement biélorusse. Il assure des programmes qui sont fondés sur la découverte et l’expression la plus pure des traditions folkloriques de ce pays. Cette troupe prend en compte la complexité d’un peuple avec lequel l’histoire n’a pas été tendre. Elle souhaite, de cette manière, faire revivre une culture qui dans les pires moments a été le refuge, la raison d’espérer et le symbole d’une population qui a survécu à la volonté de la puissance russe. La Biélorussie est aujourd’hui une républiqueindépendante. Cela n’a pas été toujours le cas au cours des siècles. Géographiquement c’est un pays plat, couvert de forêts et de prairies et par une ligne de collines qui culmine modestement à quelques centaines de mètres. Le sud s’enfonce dans des marais dits du Pripet. C’est à cet endroit que se perdit la grande armée de Napoléon et avec elle les rêves de conquêtes de l’Europe. Dans l’ensemble, le pays est monotone mais riche d’une nature qui joue un rôle important dans la vie de ses habitants et aussi de sa culture. Elle a toujours inspiré l’essentiel de l’œuvre littéraire et poétique. Mais aussi la musique, les chants et les danses qui sont empreints d’une douceur, d’une pureté et de cette sorte d’irréalité qu’ils tiennent des brumes et des rosées matinales qui rendent les paysages curieusement fantomatiques. Nous sommes ici dans un monde essentiellement rural.
Le pays fut peuplé dès le Vème siècle de Slaves venus de l’Orient. Ce sont eux qui fondèrent la culture que cette troupe s’efforce de faire revivre. Même si, depuis, des couches d’envahisseurs ont tenté de perturber l’intégrité du foyer original. Mais il est resté un attachement profond au sol, une population imprégnée de son histoire et de ses traditions que la nouvelle liberté qu’elle découvre encourage à cultiver. Le spectacle présenté est d’une grande sincérité. La jeunesse et la beauté des artistes, la musique douce et nostalgique, les costumes parfois un peu irréels contribuent à nourrir une forme de beauté émouvante. Alors renaissent les vieux villages, les déesses et les mythes de la forêt et les ponts sur les ruisseaux où rêvent les jeunes filles. Alors les équinoxes et les solstices renvoient aux anciennes croyances. Alors les printemps réveillent les cœurs. C’est une sorte de magie qui descend sur ce spectacle où les lutins des marais et les elfes des étangs se donnent la main pour danser dans les brouillards matinaux quand personne ne fait encore la différence entre la terre et le ciel.

 


 

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